Un temple dédié à Francis Bacon en plein Monaco

L’artiste entretenait une relation particulière avec Monaco. La première visite de Francis Bacon en Principauté remonte à l’aube des années 1940. « Pour le jeune peintre né à la Belle Époque, Monte-Carlo représentait le summum de l’élégance, du luxe et de l’insouciance », dépeint Majid Boustany, fondateur-directeur de la Francis Bacon MB Art Foundation.  Ce joueur chevronné était séduit par l’ambiance de la Principauté. « Je me souviens de la première fois où j’ai séjourné à Monte-Carlo, j’étais complètement obsédé par le Casino et j’y passais des journées entières […]», a-t-il raconté.

Francis Bacon y a ensuite vécu et travaillé de juillet 1946 jusqu’au début des années 1950. Toute sa vie, il a continué à se rendre régulièrement à Monaco et dans le sud de la France avec ses amis, ses amants et sa sœur. Il affectionnait particulièrement le Café de Paris. Son dernier séjour monégasque remonte à l’année 1990, deux ans avant sa mort.

La Principauté a inspiré le travail de Bacon. « L’idée d’utiliser une toile non préparée m’est venue quand j’étais à Monte-Carlo à la fin des années quarante. Je n’avais plus d’argent (je l’avais sans doute perdu au casino !), mais j’avais un certain nombre de toiles déjà travaillées. Aussi, je les ai retournées et j’ai découvert que le côté non préparé était beaucoup plus facile à travailler. Et depuis ce moment-là, j’ai toujours travaillé sur la face non préparée de la toile », a expliqué l’artiste, qui disait y peindre « des dizaines de tableaux chaque semaine »…

Autre apport majeur : « C’est à Monaco que Bacon commence à concentrer son travail sur la forme humaine, une étape décisive dans son travail et qui l’amènera, plus tard dans sa vie, à être reconnu comme l’un des artistes figuratifs majeurs de l’après-guerre. Bacon y entreprend ses figures papales et sa série de têtes et met également en place de nouvelles techniques de travail », observe la Fondation.

Au-delà de ses propres expositions, ce temple dédié à l’artiste britannique consent des prêts pour des expositions individuelles ou collectives comme ce fut le cas en 2016 avec « Francis Bacon, Monaco et la culture française » au Grimaldi Forum. La Francis Bacon MB Art Foundation a ainsi collaboré avec la Fondation Beyeler à Bâle, la National Portrait Gallery, le Centre Pompidou ou encore le musée des Beaux-Arts à Lyon.

En 2025, la fondation accueille des déambulations musicales du Printemps des Arts, parmi les œuvres du peintre britannique que Pierre Boulez admirait. Pour cette édition consacrée au compositeur français, la violoniste Aya Kono interprète des pièces de Boulez et de Luciano Berio entre les toiles.